« Maintenant que l'on s'est bien moqué de moi, c'est terminé », prévient Eric Le Dissès au cours de son allocution. Il le rappelle, Marignane, ville pilote de la fibre optique à l'échelle de la Métropole, devait être la première à en bénéficier, mais aujourd'hui... « En fait de numéro un, on est désormais dernier de la classe, déplore le maire, on ne veut la guerre avec personne, seulement que ce qui a été conclu dans un marché soit suivi des faits ».

Cela passera, forcément, par les tribunaux, car le temps des fins de non-recevoir est révolu, la Municipalité dispose de centaines de témoignages écrits, et les urnes installées en mairie pour les recueillir ne cessent de se remplir. Beaucoup d'entre eux émanent d'usagers excédés d'avoir payé, à plusieurs reprises, des installations et des travaux inutiles, quand d'autres font état de problèmes professionnels, notamment liés au développement du télé-travail.

« Je me suis retrouvée dans l'incapacité de gagner ma vie pendant trois mois, s'insurge Sophie, comunity manager spécialisée dans les réseaux sociaux. Je me suis battue semaine après semaine avec mon opérateur, il devait venir faire des réparations puis n'a plus donné signe de vie, je les ai appelé tout l'été, cela a été un enfer ».

"Danger de mort"
Mais certaines situations peuvent être encore plus dramatiques, c'est pourquoi dans une vidéo adressée à l'ensemble des opérateurs intervenants sur la commune, le maire n'hésites pas à parler de « danger de mort ». « Mon frère est handicapé à plus de 80% et lorsqu'il est seul le soir après le départ de ses auxiliaires de vie, il dispose d'une téléassistance avec un bouton autour de son cou, pour pouvoir appeler à l'aide en cas de nécessité. Le problème c'est qu'elle est reliée à sa box internet, qui ne fonctionne plus depuis le 2 juillet, raconte Béatrice. J'ai eu depuis 19 rendez-vous téléphoniques, j'ai envoyé un courrier recommandé, mais rien ne bouge. Lionel risque la mort, il peut tomber, s'étouffer, tout peut arriver et on nous ballade, d'autant que les factures sont bien prélevées, c'est ça le drame, non seulement on n'a pas le service mais on nous demande de payer ».

En réunissant tous les usagers lésés, cette réunion publique leur aura déjà permis de savoir qu'ils ne sont plus seuls, perdus dans les méandres des différents services après-vente téléphoniques des opérateurs, et qu'ils pourront compter sur leur maire pour faire avancer les choses. Tous pensent néanmoins qu'à ce stade, seule une bataille judiciaire pourra débloquer la situation. « On passera à la vitesse supérieure dans deux mois, précise Eric le Dissès. Ce sont de grandes entreprises qui sont concernées, si elles le veulent, elles peuvent encore réagir, il le faut, parce que les administrés sont passablement énervés ».