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« C’est rentré dans les mœurs d’attendre au moins cinq heures » : quand c’est l’urgence aux urgences de Martigues

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Par Sarah LeGuen29/03/2024 à 07:30

Depuis plusieurs années, la situation dans les services d’urgence décline. Manque de personnel, manque de place, manque de moyens… La Région PACA souhaite donc réaliser un audit de fonctionnement au sein de plusieurs services d’urgence, notamment à Martigues, où le personnel médical l’a réclamé.

Ils sont la vitrine des centres hospitaliers et jugent de la santé de ces derniers. Pourtant, les services d’urgence sont malades et peinent à tourner correctement. Si la pandémie de Covid-19 a permis de mettre en lumière le manque de moyens et de personnel dans les hôpitaux, la situation aux urgences ne s’est pas arrangée.

Aujourd’hui, le personnel soignant, souffrant, lance un SOS. Et la Région l’a entendu. C’est pourquoi elle a fait appel au cabinet de conseil santé Adopale, afin de réaliser un audit de fonctionnement sur plusieurs services d’urgence en Provence. Si Martigues fait partie du programme, c’est grâce à l’équipe médicale martégale qui a réclamé pour s’inscrire dans cet état des lieux. « Pour pouvoir avoir un regard extérieur, sur l’organisation, les pratiques, le fonctionnement du service qui existe au sein de l’établissement. Pour pouvoir tirer les meilleures leçons et expériences qui peuvent venir d’autres structures », explique Loïc Mondoloni, directeur du centre hospitalier de Martigues.

 

Les urgences sont surchargées et les médecins et infirmiers ont du mal à suivre le rythme. « Nous avons des locaux qui sont sous-dimensionnés par rapport à nos flux. Il faut savoir qu’on a des locaux qui ont été conçus pour 35 mille passages par an, et nous atteignons la barre des 50 mille depuis deux ans », s’inquiète le Docteur André Mazille, chef du service des urgences.

 

 

Trop de patients pour peu de personnel

À l’heure actuelle, l’effectif des soignants n’est qu’à 60 % de l’objectif qui est fixé depuis plusieurs années.  « Ce qui entraine une fatigue, une usure de l’équipe médicale », poursuit le chef de service. Avec ces conditions de travail difficiles, la qualité des soins diminue. « On craint de commettre une erreur médicale. Quand ils passent, les gens sont déjà énervés d’avoir attendu, donc on n’accueille pas dans les mêmes conditions », s’alarme Laurence Virazel, syndiquée à la CFDT du centre hospitalier. Brancards dans les couloirs devant tout le monde, aucune intimité, aucune dignité, les patients attendent souvent des heures… « Maintenant, c’est un peu rentré dans les mœurs d’attendre au moins cinq heures aux urgences. Tout le monde le sait. C’est long, il y a du bruit, ils ont froid, ils sont dans les couloirs. Et encore, à Martigues, on y arrive à peu près, mais c’est pareil dans toutes les urgences », persiste Laurence Virazel.

 

 

« C’est toute la santé qui est touchée, désorganisée »

Cette problématique ne touche pas seulement les urgences. Les médecins généralistes et spécialistes qui partent à la retraite ne sont pas remplacés. Il faut donc parfois des mois pour obtenir un rendez-vous médical. Les urgences deviennent alors « la solution facile » et accessible rapidement. Cependant, le problème est loin d’être réglé, il n’est que déplacé, face à un service submergé. Les urgences tentent donc de trouver des solutions pour améliorer la prise en charge des patients, en travaillant avec les médecins en ville. « Ce sont des solutions qui ne sont pas satisfaisantes, parce que ça vient mobiliser des acteurs qui travaillent sur d’autres secteurs. Mais ils viennent compléter une organisation générale durant une période qui est un petit peu compliquée. Dans ces cas-là, nous sommes tous solidaires », rappelle le directeur du centre hospitalier. 

Un énième problème est également soulevé par le personnel médical : l’absence d’attractivité pour les métiers hospitaliers. C’est à ce sujet que l’équipe de soignants espère un impact concret de l’audit. « Quelles sont les raisons du manque d’attractivité de la structure hospitalière en général, par rapport au recrutement de nouveaux médecins ? Les conditions de travail et les difficultés à trouver des solutions pour nos patients ? Les contraintes locales ? », s'interroge le chef de service des urgences. Un point que rejoint Laurence Virazel : « L’hôpital seul ne peut rien faire. Il faut que l’État investisse et rende les métiers attractifs, autant médical que paramédicaux, en termes de salaire et de conditions de travail. »

Les soignants de Martigues attendent beaucoup des résultats de cet audit, dont les dates ne sont pas encore connues. Reste à définir s’il y a les moyens d’améliorer la situation, mais aussi, comment mettre en œuvre les solutions. « Si on n’a pas les financements pour améliorer les qualités de travail, ça ne sert à rien. Les idées, on les a. Maintenant, il faut que le gouvernement l’entende et permette à l’hôpital d’avancer » termine Laurence Virazel.   

En tout cas, selon le directeur du centre hospitalier, la situation devrait déjà commencer à changer en automne : « Nous devrions être dans de biens meilleures conditions avec l’arrivée de certains praticiens et le retour de formation d’autres, qui vont venir gonfler l’équipe médicale. On a une échéance en fin d’année 2024 qui est plutôt positive, mais durant une période intermédiaire, il y a un cap compliqué à passer. »

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