C'est dans le cadre idéal du Magic Mirrors d'Istres qu'Hélène Moissaing, créatrice des Ateliers d'LN, organisait récemment une table ronde autour de l'art-thérapie, en partenariat notamment avec la maison régionale de la santé, des médecins mais aussi avec Pôle emploi
L'art-thérapie est une pratique validée par des diplômes, à destination de tous ceux présentant des difficultés psychologiques, physiques et/ou sociales et relationnelles. L'objectif est de permettre à ces derniers, quand les mots n'y parviennent pas ou plus, d'exprimer leur souffrance et de l'identifier à l'aide de pratiques artistiques : peinture, sculpture, dessin, musique ou toute autre forme d'art qui puisse libérer la personne de cette douleur invisible, qu'elle émane d'un handicap physique, mental, d'une maladie ou encore d'un burn out. L'association a vocation à défricher tous ces territoires de mal-être grâce à la création.
Les symptômes ? Les crises d'angoisse, la sensation d'étouffer, des crises de larmes subites, des problèmes de concentration, l'impossibilité de se projeter dans une vision positive de l'avenir, de parvenir à trouver le sommeil, de sortir et d'aller à la rencontre des autres, de vivre une situation d'isolement ou un sentiment d'exclusion.

A l'issue de cinq ans d'existence, le bilan informel des Ateliers d'LN est simple à dresser : les personnes qui ont franchi le pas ont retrouvé une joie de vivre et un apaisement qu'elles imaginaient à jamais perdus. Signe de réussite, une vingtaine d'entre elles ont même décidé de rejoindre les rangs de l'association en tant que bénévoles pour témoigner, transmettre leur expérience et partager avec les autres l'espoir et l'envie qui les portent à nouveau.
Pour ceux qui ne verraient dans ces pratiques qu'un gadget, écoutez le témoignage de Stéphanie Huet, cette Istréenne souffre depuis plusieurs années d'une maladie orpheline qui rythme sa vie entre domicile et hôpital. Pour échapper à ce quotidien étouffant, Stéphanie a retrouvé une respiration dans les Ateliers d'LN (témoignage en vidéo).

Sur plus d'une centaine de personnes présentes ce jour-là dans l'assistance, la moitié était composée d'aidants familiaux.
S'il y a une activité particulièrement ingrate et destructrice, c'est bien celle-ci : pas d'horaires, pas de rémunération, plus de vie personnelle, un sacrifice au quotidien, un épuisement psychologique qui nourrit un épuisement physique et vice-versa. Auxquels s'ajoute la culpabilité de prendre parfois du temps pour s'occuper de soi  avec le sentiment d'abandonner alors l'autre qui souffre tant.
Et, en retour, peu ou pas de satisfaction puisque dans nombre de cas, la maladie de l'aidé va en s'aggravant. Il en va de même avec les troubles liés à l'âge qui, évidemment, ne s'améliorent pas avec le vieillissement. Sans compter les rechutes. Et sans occulter parfois ce sentiment diffus mais très culpabilisant de rancœur  qui peut naître à l'encontre de cet être pourtant cher mais dont l'état de santé monopolise tant la vie de l'aidant, la lui confisque même.
Un épuisement tel qu'il qu'il n'est pas rare que l'aidant disparaisse avant l'aidé.

Pour illustrer en quelques mots la situation de l'aidant, on pourrait citer ce titre de notre défunt Johnny national : « J'ai oublié de vivre »
C'est pour cette raison que les Ateliers d'LN viennent au secours des aidants, pour leur réapprendre à vivre, leur rappeler de prendre soin d'eux, et ainsi retrouver la force indispensable pour continuer à accompagner l'autre le mieux possible et le plus longtemps.

Afin d'éviter une ségrégation par l'argent, l'association propose des ateliers entièrement gratuits, ce qui l'oblige à trouver des fonds. Elle reçoit ainsi l'aide des villes d'Istres et de Salon de Provence, de caisses de retraite, ou encore du groupe Malakoff Médéric. Et ce, dans le but d'offrir un accueil qui dure tout le temps nécessaire à la personne pour retrouver sa respiration. Dans un monde où, paradoxalement, moyens de communication ultra modernes et réseaux sociaux multiples n'empêchent pas l'isolement de se propager comme une maladie contagieuse.

Prochaine étape de l'association : faire l'accompagnement aidants/aidés à domicile pour ceux qui ne peuvent pas – ou ne veulent pas – se déplacer.

En vidéo, Stéphanie Huet évoque l'importance de l'art-thérapie comme remède complémentaire et indispensable à sa maladie. Hélène Moissaing détaille la mission de son association et Kathy Peneau, Istréenne elle-aussi témoigne du quotidien étouffant des aidants.

(images et interviews : Michel Montagne / Maritima Médias)