C'est assez rare pour le souligner, avec 32 g/l, l'étang de Berre a retrouvé son taux de salinité historique. "Ce qui est intéressant c'est qu'il y a une homogénéité sur toute la colonne, précise Raphaël Grisel, le directeur du Gipreb. C'est-à-dire que l'on constate ce bon taux du fond jusqu'à la surface. Il n'y a pas de stratification." Par stratification il faut entendre la différence de taux entre l'eau douce et l'eau salé. Habituellement cet écart se situe au alentours des 10 points. Il est réduit à 2 en ce moment. "Les eaux se mélangent plus facilement, poursuit le directeur. Ce qui apporte une bonne oxygénation y compris dans la zone profonde de l'étang."

La faune et la flore soufflent un peu

Et qui dit oxygénation, dit bonne santé des fonds. Des espèces ont été aperçues au centre de l'étang. Sur les bords, les palourdes font leur grand retour et dans les fonds ce sont les zostères qui profitent de cette bonne santé. "L'eau est claire en ce moment. Les végétaux en profitent." D'ailleurs, grâce à ce taux de salinité exceptionnel, le Gipreb estime que l'étang est paré pour l'arrivée de l'hiver. 

Pas de rejet d'eau douce cet été

Les raisons de cette bonne santé retrouvée sont simples: "depuis le mois de juin, il n' y a eu aucun apport d'eau douce dans l'étang." EDF n'a pas turbiné et les cours d'eau qui s'y jettent sont à sec. Sans les rejets d'EDF (environ 1,2 milliard de mètres cubes d'eau douce et de limon déversés) l'étang n'a pas souffert des très fortes chaleurs comme ce fut le cas en 2018. Pour rappel; l'étang avait subit une importante anoxie (manque d'oxygène) aux conséquences dramatiques pour la faune et la flore. De nombreuses associations environnementales ont, d'ailleurs, assigné EDF en justice.  

Et ce bras de fer qui n'est pas près de s'arrêter, au vu des récentes annonces de l'industriel. 

Marche arrière d'EDF

Alors qu'elle s'était engagée publiquement à réduire le niveau de rejet à 900 millions de m3 d'eau douce, EDF vient d'annoncer que finalement ce ne sera pas le cas. " Pour l'instant tout est terminé, explique Raphaël Grisel. En plus de la diminution, EDF devait y adjoindre une saisonnalité. C'est-à-dire turbiner l'hiver puis réduire à partir du mois d'avril. Ce qui aurait été très bénéfique pour l'étang." Ce qui aurait aussi apaisé les tensions entre défenseurs de l'étang et l'industriel. Mais voila, les fortes tensions sur le réseau électrique et les centrales nucléaires encore à l'arrêt entrainent une sollicitation importante de l'usine de Saint-Chamas. L'industriel revient donc sur ses engagements au détriment de l'étang."On espère que le projet reviendra très vite sur la table." En attendant, le contentieux se poursuit.