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Marseille. Ces habitants qui font des rondes pour sécuriser leur quartier

C. AMOUROUX C. AMOUROUX
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Depuis le premier confinement les riverains de Pont-de-Vivaux (10e) sont victimes de vagues de casses de véhicules. Livrés à eux-mêmes face au manque d'effectifs policiers, ils se retrouvent agents de sécurité malgré eux.

RD, Sofiane, JD et Cédric sont voisins. Ils vivent au sein de la même promotion immobilière, dans des résidences du 10 ème arrondissement de Marseille. Depuis plusieurs semaines, ils portent une double casquette : celle de l'habitant et celle du gardien. Les incivilités ont pris une ampleur inédite dans leur quartier depuis le premier confinement. D'abord des incidents, puis de véritables "vagues de casses" comme une nuit au mois d'août durant laquelle 25 véhicules ont été cassés. Rebelote il y a quelques semaines en janvier avec une quinzaine de voitures forcées et vidées. Les riverains ont alerté les pouvoirs publics en demandant plus de moyens de sécurité, notamment des effectifs policiers. En attendant; pour entretenir une tranquillité fragile dans leur quartier, ils se relaient chaque nuit pour faire des rondes malgré la peur et la fatigue.

Un quotidien "pesant, peinant et énergivore"

"Quand j'arrive chez moi le soir c'est presque 20h, je mange et je pars faire une ronde. Je repars vers 2h du matin... Psychologiquement et physiquement c'est compliqué, je suis fatigué". Sofiane et ses voisins bénévoles se relaient difficilement chaque nuit dans les rues ou dans les parkings près de chez eux. Une présence qui permet déjà selon eux de dissuader certaines personnes mal intentionnées. Mais ces nuits sont pénibles et parfois dangereuses. Au-delà des surveillances, ils alertent. Cédric Luciano a lancé la page facebook "Touchepasmarue Marseille 9e,10e vigilance,sécurité, propreté " où les Marseillais témoignent et dénoncent les incivilités du quotidien. Avec d'autres, ils montent des pétitions, recueillent des informations mènent parfois leur propre enquête. Un investissement quotidien "pesant, peinant et énergivore".

Ce qui fait tenir ces bénévoles, c'est d'abord une certaine solidarité : "Parfois on veut baisser les bras... On est tous propriétaire mais si ça continue dans 3 ans on est parti (…) Il y a des gens qui sont déjà partis d'ailleurs". Mais chacun essaye de remonter le moral des troupes lorsque la motivation baisse. Tous, souhaitent préserver le bon vivre dans leur quartier, garder sa plus-value et ne pas le laisser sombrer dans l'insécurité.

Des habitants traumatisés

Les incivilités répétées ont plusieurs conséquences, d'abord un aspect matériel et financer: "Au bout de la deuxième ou de la troisième casse sur la même voiture, l'assurance ne prend plus les choses en compte de la même façon", explique Cédric Luciano. Il y a aussi un aspect psychologique pour les victimes, Armelle 70 ans a retrouvé un matin sa voiture entièrement désossée. Ce sont ses voisins qui sont venus la chercher pour lui montrer les dégâts : " J'aurais été seule, on m'aurait retrouvé par terre. Je suis arrivée, j'ai cru que j'allais mourir sur place(…) J'avais accroché des dessins de mes petites filles et des portes bonheur dans ma voiture... C'est déchirant ". Les faits se sont produits dans un parking fermé, privé mais "les télécommandes se baladent", confie la septuagénaire. Après ce choc psychologique, Armelle est aujourd'hui reconnaissante envers les bénévoles qui font des rondes et qui se fédèrent. "Les élus devraient en faire autant", lance-t-elle.

La vidéosurveillance, première demande des riverains

Le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin a récemment promis une centaine de policiers supplémentaires à Marseille pour 2021. Mais est-ce suffisant ? Sur Maritima dans notre émission hebdomadaire Rue de la République, la préfète de police du département Frédérique Camilleri s'est exprimée sur ce sujet : "Ils ont raison de demander à la police républicaine d'assurer la sécurité sur le territoire (…) ça ne veut pas dire qu'on a pas tous un devoir de vigilance, d'alerter si l'on voit quelque chose et que les bailleurs sociaux ne peuvent pas aussi s'équiper en caméras, signaler des alertes parce que c'est un travail de tous".
L'installation de caméras est la demande principale de ces riverains, mais pas uniquement dans les parkings ou les résidences mais surtout dans l'espace public. Pour Cédric Luciano les caméras constituent la seule solution qui pourrait apaiser le quotidien des riverains: "J'irai jusqu'au bout , si il faut alerter l'Etat je le ferai". Il a déjà rencontré leur maire de secteur Lioney Royer Perreaut, il souhaite aussi s'entretenir avec le maire de Marseille Benoit Payan. En plein moratoire sur les caméras de vidéosurveillance, ces habitant de Pont-de-Vivaux espèrent être entendus.

Ci-dessus, la réaction de la préfète de police des Bouches-du-Rhône lors de l'émission Rue de la République sur Maritima. Retrouvez ici l'interview complète.