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A l'aéroport Marseille Provence, le recyclage décolle

M. Montagne M. Montagne
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"Un petit conteneur pour l'aéroport, un grand pas pour l'environnement"
C'est ainsi qu'on pourrait résumer l'arrivée dans l'enceinte de l'AMP de quatre bornes de collecte sélective. Une expérience pilote qui semble déjà porter ses fruits.

Tout part d'un constat : avec plus de 10 millions de passagers par an (évaluation de 2019, chiffre qui a chuté à moins de 5 millions en 2021 en pleine épidémie), 4500 salariés sur site (chiffre global incluant toutes les activités et les 140 commerces sur site), l'aéroport Marseille Provence est un gros pourvoyeur de déchets : 950 tonnes pour l'année 2021, en rappelant qu'il s'agit d'une année à marquer d'une pierre noire pour le trafic aérien mondial, un chiffre qu'on pourra facilement doubler dès qu'AMP retrouvera ses niveaux normaux de fréquentation. 

Cannettes vides et bouteilles pleines

Les contenants de boissons, bouteilles et canettes, représentent à elles seules 7% de ce tonnage et font partie des matières intégralement recyclables.
Or, l'aéroport constatait jusqu'à aujourd'hui que 90% de ses déchets faisait l'objet d'un refus de tri, un chiffre qui relève de la responsabilité de passagers peu sourcilleux d'utiliser l'une des cent poubelles "multiflux" qui parsèment l'aéroport (les conteneurs classiques qui dissocient papiers, plastiques et ordures).
Face à ce constat affligeant, AMP s'est engagé à atteindre le seuil de 40% de déchets valorisés en 2025.
Et l'un des leviers pour y parvenir est d'avoir fait l'acquisition de 4 machines de collecte très particulières, conçues et fabriquées par Lemon tri, une entreprise à caractère social et environnemental. 
D'une valeur de 100 000 euros - dont près de la moitié prise en charge par Citeo - ces bornes de collecte peuvent permettre d'atteindre un taux de recyclage de 100% des contenants.
Citeo est une entreprise à mission chargée de promouvoir auprès des grands groupes et collectivités à la fois la réduction de l'impact des emballages sur l'environnement et la valorisation de leurs déchets.

Deux types de machines

Une machine Liquid+ particulièrement adaptée aux particularités du site : dans un aéroport, à l'approche de la zone d'inspection filtrage, les passagers sont contraints de se débarrasser de leurs boissons.
Dans le meilleur des cas, des bouteilles pleines finissent dans la poubelle adéquate, ce qui n'est pas pratique pour les salariés affectés au ramassage et qui se retrouvent à devoir manipuler des sacs alourdis par les liquides pouvant atteindre les 20 à 30 kg.
Dans le pire, les usagers se débarrassent de leurs bouteilles dans le mauvais conteneur ou, discrètement, un peu n'importe où...
Liquid+ règle le problème : on introduit la bouteille dans la borne de collecte, la machine se charge, par compactage, de stocker le liquide d'un côté et l'emballage plastique de l'autre, prêt à être recyclé.
Trois Easy : cette fois, il suffit de jeter indistinctement bouteilles ou canettes vides dans le conteneur qui se charge de trier les unes des autres.
De plus, pour vous remercier de votre geste écolo, Easy se transforme en machine à sous puisque, si vous êtes chanceux, vous pouvez gagner un bon d'achat de deux euros à dépenser dans les commerces de l'aéroport.
C'est ainsi que depuis août dernier, date de la mise en service du nouveau matériel, 6500 emballages de boissons ont été collectés.

De l'aéroport à l'Ecopôle, un aller simple

Une fois les machines pleines, leur contenu est extrait et vidé dans un camion-benne, direction le centre de tri Ecopole Suez dans le quartier de Jas de Rhodes aux Pennes-Mirabeau.
Au préalable et afin de réduire l'empreinte carbone, on accumule le maximum de déchets dans la benne dans le but d'amortir le trajet par route, on parle alors de massification. 
Une fois sur place, le tri opéré en amont par les passagers à l'aéroport, à l'aide notamment des nouvelles machines, fait l'objet de nouveaux tris car on ne mélange pas les différentes formes de plastique.
Ainsi on sépare  le PEBD - plastique opaque des bouteilles de lait ou des bidons d'assouplissants - du PET (les bouteilles d'eau).
Et au sein des PET, on va également dissocier le PET clair (bouteille d'eau plate ou sodas) du PET couleur (certaines bouteilles d'eau gazeuse vertes ou rouges).
Chaque type de plastique est ensuite conditionné en balles de 500 kg, et une fois la massification atteinte, on expédie de très gros volumes dans une usine à Bayonne où les bouteilles sont broyées et transformées en paillettes en vue de la fabrication d'objets en RPET qui donnent d'excellents résultats en matière écologique, ce qui achève de boucler la boucle de l'économie circulaire.
A partir de ces granulés, on sera capable de nouvelles bouteilles, des barquettes alimentaires, des vêtements en polaire, des emballages et même des sièges de voiture.
Quant à ce qui n'est pas recyclable, et donc a priori inutile, c'est acheminé à Istres, dans l'usine de valorisation, également propriété du groupe Suez, pour être transformé en CSR, combustible solide de récupération destiné aux industries.

On le constate, les déchets mis à la poubelle ne sont pas la fin d'une histoire mais bien le début d'une autre et dont le maillon le plus important... C'est nous ! 
Un petit effort donc dans notre tri pour d'énormes résultats au bénéfice de l'environnement et de l'économie.


En vidéo, les explications
, illustrées, de Romain Wino, chef du département RSE de l'aéroport Marseille Provence ; de Guillaume Pellegrin, directeur de Lemon Tri Marseille, l'entreprise qui a créé les deux modèles de bornes ; de Christine Leuthy-Molina, directrice régionale de Citeo, et enfin de Guillaume Le Goff, directeur du secteur recyclage-valorisation de Suez pour la zone ARA-PACA