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Vasco 2. Des microalgues pour recycler la pollution de Fos

Le premier bassin de culture vient d'être installé sur le site de Kem One à Fos.

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Le premier bassin de culture vient d'être installé sur le site de Kem One à Fos.

R. Chape R. Chape
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Un procédé de valorisation biologique des fumées industrielles sera expérimenté jusqu'en 2018 dans la ZIP de Fos-sur-Mer. Il pourrait déboucher sur une production à grande échelle de substituts au pétrole, réutilisés par les usines existantes.

 L'interview de Michael Parra, coordinateur du projet Vasco 2 pour le Port de Marseille-Fos.
 L'interview de directeur R&D de la start-up Coldep.
Cela semble trop beau pour être vrai. Imaginez que les fumées qui s'échappent des usines fosséennes deviennent leur propre matière première... C'est en tout cas l'ambition de Vasco 2, projet mené conjointement par le Port de Marseille-Fos, le Conseil de Territoire d'Istres Ouest Provence, cinq groupes industriels, deux start-up spécialisées dans le traitement de l'eau, deux laboratoires, et un bureau d'études. Il repose notamment sur la culture de microalgues, alimentées par le CO2 provenant directement des usines. Une fois mélangées dans une centrifugeuse, elles seront envoyées au CEA de Grenoble pour être transformées en carburant de type pétrole : le biobrut.

Mais c'est loin d'être le seul débouché offert par Vasco 2. "Il existe des centaines de milliers voire des millions de microalgues", explique Bertrand Barrut, directeur R&D de la start-up Coldep. "L'intérêt c'est qu'elles contiennent de nombreux composés biochimiques qui peuvent être utiles, pour fabriquer des médicaments ou dans le domaine de la cosmétique notamment". Tout va dépendre du type d'algue qui sera cultivée à Fos, même s'il est plus probable que leur valorisation s'oriente vers de la production de biocarburant, grâce aux capacités de raffinage de LyondellBasell et de Total.

Le dispositif a tout de même ses limites, et ne pourra jamais absorber la totalité des fumées rejetées, faute de place. "On aurait besoin de trop de surface pour convertir les millions de tonnes de CO2 produites par an à Fos", poursuit Bertrand Barrut. "Il s'agit d'en bioremédier un pourcentage, ce qui demanderait déjà de développer des hectares de production de microalgues". Pour cette phase expérimentale, ce sont d'abord trois grands bassins qui seront testés dans la ZIP de Fos. Le premier, d'une taille de 160 m2, vient d'être installé sur le site de Kem One. Deux autres le seront en 2017 sur les sites d'Arcelormittal et de la Solamat-Merex.

"On va se mettre directement en bas des cheminées pour alimenter les bassins de culture, ce qui est inédit en Europe", précise Michael Parra, coordinateur du projet pour le Port de Marseille-Fos. "À long terme on peut espérer avoir une solution supplémentaire pour réutiliser nos ressources, ce ne sera sans doute pas la seule, mais on l'espère performante, efficace et complémentaire. Ce que nous cherchons vraiment pour aller au bout c'est une filière économique, on ne peut pas faire seulement de la culture si on ne sait pas quoi faire de ces microalgues". Une fois produit, le biobrut sera ainsi analysé et comparé, pour déterminer ses avantages et ses inconvénients. Sera-t-il aussi rentable économiquement qu'écologiquement ? Le verdict sera connu d'ici 40 mois.

En vidéos, regardez les interviews de Michael  Parra, coordinateur du projet Vasco 2 pour le Port de Marseille-Fos, et de Bertrand Barrut, directeur R&D de la start-up Coldep.
(Images de Cédric Lombard)