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A Port-Saint-Louis, une médaille bien mer...itée

M. Montagne M. Montagne
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Première médaille en catégorie féminine pour Sonia Bendjema mais rien à voir avec une récompense sportive,
Sonia est en effet la première femme à avoir reçu la médaille du Mérite maritime, une décoration nationale qui honore ceux - et désormais "celle" - qui vivent de et pour la mer.

Elle ne l'a pas demandée, c'est bien la preuve qu'elle l'a méritée : Sonia Bendjema est ainsi la première femme à recevoir cette médaille du Mérite maritime, la désormais "chevalière" (l'ordre du Mérite maritime compte trois grades : chevalier, officier et commandeur, comme l'ordre de la Légion d'honneur) est honorée pour la qualité de son travail dans le domaine de la conchyliculture. 

Originaire de Port-Saint-Louis-du-Rhône, celle qui a commencé par la boulangerie a basculé dans les bassins de moules et d'huîtres à la fin des années 90 pour épauler son mari, pêcheur professionnel. En 2010, elle crée sa propre entreprise, un mas conchylicole, situé entre l'embouchure du Rhône et la Méditerranée avec, pour emblème, la moule de Carteau. 

Trait caractéristique de Sonia, en présence d'une caméra et d'un micro, elle a tendance à se refermer comme une huître, on la soupçonnerait même de préférer piquer une tête en novembre dans une Méditerranée à 10° lors d'une tempête que de devoir endurer une interview. Mais bon, dès lors qu'on l'interroge sur son métier, la conchylicultrice finit par se détendre (un tout petit peu) et se confier (sans en dire trop). Et de nous avouer que si la conchyliculture n'était pas une vocation, elle a fini par devenir une passion.
Et si l'activité s'avère très rude (horaires matinaux, froid, humidité, charges à transporter...), l'envers de la médaille (du Mérite)  c'est une forme de liberté au contact quotidien de la mer, c'est également de travailler des produits nobles que sont huîtres, moules et autres coquillages et mollusques - les fameux fruits de la mer - et d'échapper au bureau et surtout à l'open space, un espace bien plus confiné qu'ouvert.

Et cette liberté, Sonia et son mari l'ont transmise, sans l'imposer, à leur fille et leur gendre.
Le jeune couple travaillait dans le secteur automobile pour une grande marque française, et c'est Julien, le beau-fils qui, découvrant l'univers de la conchyliculture, a convaincu son épouse de suivre le sillage de ses parents.
Comme il l'avoue, il n'a pas eu besoin de grands efforts pour persuader sa compagne : en même temps, quand on est prénommée Océane, il ne faut pas s'étonner qu'on réponde facilement à l'appel de la mer tout en suivant les traces de sa mère.
Après avoir passé leurs diplômes, Océane et Julien forment ainsi  la seconde génération au sein d'une entreprise locale, familiale, artisanale et donc dans l'air - iodé - du temps.

Et bien sûr, même si on le souhaitait, on ne pourrait pas éviter d'évoquer... Ahmar Bendjema !
Figure de la pêche locale, c'est l'un des huit pêcheurs professionnels habilités à collecter des oursins dans le quartier maritime de Martigues.
A l'inverse de sa très discrète épouse, dès que vous mettez un pied dans l'exploitation, il vous coince, vibrionne dans tous les sens, vous fait gober une huître délicieuse et vous empêche de partir tant qu'il ne vous a pas administré la visite complète du mas. Sans oublier de vous présenter la coquille de l'huître géante, la carapace de la tortue et les photos de la visite de Gérard Depardieu (à la vue des clichés, on imagine bien l'acteur écouter l'intarissable Ahmar en engloutissant au passage une demi-caisse d'huîtres et une livre de violets accompagnées d'un petit verre de blanc. En toute modération).
Et, sur le pas de la porte, alors qu'e vous croyez être enfin parvenu à vous échapper, le roi de la tchatche port-saint-louisienne vous rattrape pour vous montrer ce qui ressemble à un mortier d'aïoli mais qu'il affirme être un vestige romain découvert au fond de l'eau. Les experts trancheront.

Quant au produit lui-même, pas besoin d'épiloguer des heures à son sujet, il vous suffit de regarder la vidéo, vous aurez un aperçu fidèle de la qualité des huîtres mais aussi des fameux violets. Et pour tous ceux qui s'inquiètent d'un éventuel risque de pollution des eaux, l'exploitation reçoit la visite des services vétérinaires. Et, le jour de notre passage, comme ils le font deux fois par mois en cette période, des scientifiques de l'Ifremer étaient venus prélever l'eau autour des parcs d'huîtres et de moules pour en mesurer sa qualité, amenés sur place en bateau par le meilleur des guides, l'incontournable Ahmar bien sûr.

Sonia vend sa production sur le marché de Port-Saint-Louis et également sur le Vieux-Port de Marseille les vendredis, samedis et dimanches