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Le sexisme ordinaire, comme un poison dans l'eau

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Par Cyrielle Blazikowski22/02/2024 à 08:00

Dans les gestes de nos proches ou dans les mots de nos collègues, le sexisme est partout dans notre société. Banalisé, il constitue pourtant la base d'une pyramide d'actes dont le sommet est le féminicide.

Slutshaming, mansplaining, manspreading... si ces termes ne vous disent rien, ils font pourtant partie de votre quotidien. Les connaître permettrait de mieux les identifier et de s'en protéger car ils désignent différents comportements à l'encontre des femmes, tantôt rabaissants, tantôt culpabilisants mais toujours insultants. Fin janvier, le Haut conseil à l'égalité (HCE) a publié son rapport concernant l'état du sexisme en France. Les résultats sont alarmants et montre un décalage entre la prise de conscience de la population et le maintien voir la progression du sexisme. « On pourrait croire que le sexisme et les violences diminuent parce qu'on sensibilise de plus en plus mais en fait c'est très ancré dans notre culture », explique Margaux Barou, chargée de projet au pôle formation et sensibilisation de l'association Solidarité femme 13. Ce qu'on appelle le sexisme ordinaire se traduit par des agissements sexistes normalisés comme les blagues ou le harcèlement de rue. Aussi anodins que ces gestes et paroles puissent paraître, ils ont des répercussions très importantes sur la vie des femmes.

 

À l'école comme au travail

 

La répétition de blagues sexistes sur le lieu de travail, par exemple, devient rapidement du harcèlement sexuel et cela a des conséquences directes sur la santé : dévalorisation, stress, isolement... « Ça contraint les femmes à changer leurs habitudes pour complaire aux hommes : changer leurs tenues, éviter certains espaces... on reste dans un schéma de soumission, expose Margaux Barou, ces agissements s'inscrivent dans le continuum de cette culture du viol. »

La culture du viol, c'est le terme utilisé pour définir l'ensemble des mœurs et comportements qui excusent et banalisent les violences faites aux femmes. Habituellement, elle se manifeste dans des commentaires comme le classique « elle l'avait bien cherché ». Depuis la loi Schiappa, l'outrage sexiste est reconnu et puni d'une amende pouvant aller jusqu'à 1 500 euros. Concernant le harcèlement sexuel, il s'agit d'un délit qui peut être sanctionné par deux ans de prison et 30 000 euros d'amende, trois ans de prison et 45 000 euros d'amende si la personne visée a moins de 15 ans. Car le sexisme commence dès la cour de l'école.

 

Déconstruire le système

 

Selon le rapport du HCE, « les parents, sans s’en rendre compte, n’élèvent pas les filles et les garçons de la même manière ». Les stéréotypes de genre sont profondément ancrés dans notre culture et cela a des répercussions sur le développement des enfants. Selon la politique nationale, les élèves du primaire et du secondaire devraient suivre trois séances d'éducation à la vie affective et sexuelle par an. Au programme : contraception évidemment mais aussi un chapitre sur le consentement. Cette réglementation n'est malheureusement pas toujours respectée malgré les enjeux sur leurs vies d'adultes. Pour tenter de remédier à cela, Solidarité femmes 13 et plusieurs associations dont le planning familial ont écrit le "Livre Blanc : pour une véritable éducation à la sexualité". « Dans ce livre, nous avons rédigé des recommandations pour les pouvoirs publics, précise Margaux Barou, il est important que les trois séances soient respectées avec des contenus plus variés. » Malheureusement, le sexisme vient de partout, des parents et de l'école bien sûr mais également du cinéma, des réseaux sociaux ou tout simplement des traditions. « C'est tout un système à déconstruire, déplore la militante, tout passe par la prévention, il faut apprendre aux petits garçons à ne pas être violent et aux petites filles à repérer ces comportements, pas à en avoir peur.»

 

Martigues se mobilise

Du 8 au 31 mars, à l'occasion de la journée des droits des femmes, les œuvres de l'artiste Catel seront exposées dans le hall de l'Hôtel de ville. Elle y dénonce justement le sexisme ordinaire et l'explique à travers son art pour aider à mieux l'identifier. La grande marche pour l'égalité annuelle se déroulera le samedi 9 mars cette fois. Il y aura plusieurs départs : de Figuerolles à 8h et de la Place des Aires à 10h30. Ces deux cortèges rejoindront celui qui part de Port-de-Bouc pour un final tonitruant devant la mairie de Martigues à 11 heures. Nathalie Lefèbvre, adjointe au maire élue aux droits des citoyens et au vivre ensemble, mesure l'urgence de lutter contre ces discriminations : «Selon le rapport du HCE, 9 femmes sur 10 ont déjà modifié leurs comportements pour ne pas être victimes de sexisme. Cela veut dire que ces femmes renoncent à leurs libertés et pour la majorité municipale ce n'est pas acceptable. Il y a urgence à s'attaquer aux racines du sexisme ordinaire, la ville de Martigues souhaite prendre toute sa place dans la lutte contre les violences et les discriminations. On a besoin de faire grandir l'engagement de toute la société en faveur de la lutte contre ces fléaux. »

 

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